Dès
le XIe siècle, Reims était un centre de vie juive important.
Les Juifs de Reims habitaient alors dans la rue de la Juiverie,
aujourd’hui rue des Élus. La synagogue, qui se trouvait au
n°3 (ou au n°18) de cette rue, fut le lieu de prières recensé
jusqu’en 1305.
Au
Moyen Age, le cimetière de la communauté juive se trouvait
dans le quartier Dieu-Lumière, à l’intersection des routes
de Châlons et de Cernay, et le châtelain de Saint Rémi y autorisait
les inhumations.
Si,
à la fin du XIIe siècle, les rapports entre Juifs et Chrétiens
étaient empreints de bienveillance, la situation politique
changea avec la parution de l’édit du Parlement de Paris de
1270 qui donna à l’archevêque juridiction sur les Juifs de
Reims. C’est alors que survinrent les expulsions de Juifs
du domaine royal et la communauté juive de Reims disparut
dans le courant du XIVe siècle.
Toute
communauté juive fut absente de France jusqu’à la période
où la Révolution institua la tolérance religieuse.
A
la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, quelques familles
juives s’établirent à Reims. Mais ce fut l’exode massif des
Juifs d’Alsace et de Moselle, en 1871, qui fut déterminant
pour la renaissance du judaïsme rémois. Le décret du 12 septembre
1872, qui créa le Consistoire israélite de Lille, détacha
la Marne de la circonscription consistoriale de Paris et la
rattacha à celle du nord et du nord-est. C’est ainsi que la
communauté de Reims nomma, en 1875, son premier rabbin. Il
officiait dans un petit oratoire situé au 7, rue des Capucins.
La communauté juive comptait alors près de 650 membres.
La
synagogue de Reims, de style néo-mauresque, inaugurée en 1879,
est l’œuvre de l’architecte Ernest Brunette, fils de Narcisse
Brunette, architecte célèbre de la ville de Reims. Elle a
été décorée par un artiste local, Marquant-Vogel, auteur des
vitraux et des motifs muraux. C’est un des monuments de la
mémoire architecturale de la fin du XIXe siècle.
L'orgue
de la synagogue de Reims, inscrit sur l'inventaire des orgues
de France, a été réalisé en 1901 par Augustin BRISSET, l'organier
rémois qui avait aussi édifié le grand orgue de la basilique
St Rémi, détruit en 1914 -18.
Seize
Juifs rémois moururent au champ d’honneur pendant la guerre
de 1914-1918 qui fit de Reims une cité martyre. La synagogue,
qui avait subi des dégâts importants, fut remise en état après
la fin des hostilités.
La
seconde guerre mondiale fut pour la communauté juive rémoise
une tragédie dont les effets, en particulier sur le plan démographique
(109 membres recensés), ne cessent d’être ressentis. La communauté
a érigé sur la façade de la synagogue un monument à la mémoire
de deux cent vingt six de ses membres, disparus en déportation.
La majorité
fut arrêtée lors d’une même rafle, à la fin de l’année
1942.
Suite à l’arrivée des
Juifs d’Egypte puis d’Afrique du Nord, la communauté juive de
Reims retrouva en 1970 le niveau démographique qu’elle avait
atteint lors de la construction de la synagogue. Mais pour des
raisons diverses, elle s’est réduite de plus de la moitié depuis
cette époque.
La
communauté entretient les meilleures relations avec les pouvoirs
publics. La synagogue de Reims participe activement aux événements
culturels de la Ville de Reims, en particulier à l’occasion
des Flâneries Musicales et des Journées du Patrimoine.
Enfin
le développement récent des activités de l’Association Culturelle
et Sociale Israélite de Reims permet d’ouvrir la synagogue
à l’extérieur de notre communauté et de faire connaître la
culture juive dans toute la Région Champagne Ardenne. |